vendredi 28 septembre 2012

Des bêtises à lire, s'il ne vous plaît pas (vous êtes obligé)

Quelle quantité de bêtises on peut prononcer en une seule journée! Quand vous êtes bien sûrs de vous, vous prononcez un mot, parfois vous citez une phrase, parfois vous en construisez une; quel tour de force! Maintenant que vous l'avez prononcé, votre mot ou votre phrase si vous êtes ambitieux et intelligent, prenez la peine un instant de l'analyser dans tous ses détails. Considérez-le attentivement, comme un insignifiant petit cafard collé sous votre pied. Et là, on sait qu'on a dit une bêtise. Il vaut mieux se taire, ou bien écrire, car on peut contrôler ses mots, au moins un peu. Là, par exemple, nous venons d'écrire au moins quatre bêtises, et une de plus à l'instant.
La grande ânerie de la semaine
La petite blatte qui mange mon cerveau a été prise soudainement d'un élan spontané qui l'a forcée à écrire, avec sa salive comme encre et ses forcipules comme plume, de courts textes sur des impressions vagues et fugaces, histoire de les saisir dans l'huile et de les déguster avec de la worcestershiresauce. Elle les a bien malaxés et frottés contre le sol, et les a appelés ses pouèmes. Je vous en retranscrit un là, il n'a pas de titre au départ, mais j'ai pris l'initiative de lui en mettre un.
    
   30 Juillet
J'ai vu en allant vers Perrache*, une bête curieuse qui traînait sa dépouille sur les bas-quais en têtes de chat**. C'était ce me semble, un grand oiseau d'eau, un héron sale des eaux huileuses et des flaques polluées, dont les ailes rachitiques et les omoplates seyantes pendaient et se balançaient vaguement au rythme de ses pas. S'il volait, ce devait être bien mal. Il levait fébrilement et par intermittences son long museau glaireux, et ses deux yeux vitreux reflétaient les têtes de chat. Ces deux petits globes malingres étaient d'un vert marécageux et boueux. De longs poils mats et rêches coiffaient son petit crâne. Il arborait un torse trop large aux côtes bien visibles, prothèse gonflée qui annonçait sa grande bêtise. Plus bas, de petits pieds tout rapiécés et tout tordus, qui semblaient le faire souffrir, soutenaient  des jambes arquées et blanchâtres, pâles et plutôt osseuses. Si il était pâle, de longues guirlandes vertes et bleues et d'autres violettes, ses veines, le couvraient largement. Il était fardé d'un arsenal de sapin de noël, dernière fadaise, dernier orgueil de son corps déjà usé. Certes, cet être charnel ne pouvait rien à son apparence ni à son esprit contrefait, mais si quoi qui puisse le composer se retrouvât en moi, je crois que je n'aurais pas supporté; oui, je l'aurais tué sur-le-champ, étranglé, comme ça.

*Perrache est un quartier de Lyon, au confluent du Rhône et de la Saône, qui a longtemps abrité un port et des docks et, malgré de récentes transformations, il n'est pas moins sinistre par endroits que New York dans certains vieux films américains. Honorine va y consacrer un scandale bientôt.

**A Lyon toujours, les bas-quais et certaines petites rues sont pavées en galets du Rhône, que l'on appelle en raison de leur taille, de leur courbure, et de la fâcheuse tendance des vieilles mégères d'antan à zigouiller des chats et à jeter leur tête sur le pavé, des "têtes de chat".

Désolé, le pouème de Fa n'est pas très joyeux aujourd'hui; elle est vexée et s'est cachée sous le frigo, car vous avez la mine un peu dégoûtée. Elle a dit une bêtise, c'est de sa faute.

Pour les amateurs d'entomologie

Vous faire une collection
Moi qui collectionne les insectes, je peux vous dire que si ça vous intéresse, ça ne nécessite pas un bac +45,2 ni un cuit (QI) exceptionnel. Pour seule preuve, j'y arrive. Voilà donc quelques conseils pour commencer; vous démarrerez bien sûr par la collecte. si vous habitez une grande ville, assurez-vous de pouvoir vous rendre souvent en rase campagne pour satisfaire votre rage collectrice, dans une région à haies et à bocages, c'est mieux. Si vous habitez la Bourgogne ou la Champagne ou le désert du Sahara, où il n'y a ni haies ni petits marécages, entre la mouche et  le cafard, vous aurez vite fait le tour. Cependant, un grand parc de périphérie peut déjà vous apporter profusion de jolies volucelles et carabes.
petit aperçu de ma collection
Si vous tenez à asphyxier vos insectes après les avoir arrachés à leur chère fleur nourricière, vous aurez vite une très belle collection. Si comme moi, vous préférez attraper seulement les bestioles fraîchement mortes ou prises dans des toiles d'araignées abandonnées, votre collection se fera lentement et ne sera pas d'une qualité exceptionnelle. Mais comme d'innombrables insectes sont aujourd'hui protégés, surtout les plus gros et les plus jolis, je vous conseille, par prudence (moi c'est par éthique), d'appliquer la seconde solution.
Pour les débutants, je conseille comme première naturalisation un truc bien gros, comme un lucane (attention, il est protégé par la loi) ou un hanneton, car c'est certes plus facile. Procurez-vous des épingles pour entomologie, noires à tête dorée. Des épingles de couture bien fines peuvent aussi faire l'affaire. Faites bouillir de l'eau dans un petit récipient (assez grand pour votre insecte), et préparez une feuille de mousse plastique bien ferme. Faites plongez votre hanneton dûment mort dans l'eau, à peu près un quart d'heure, de manière à ce qu'il "cuise" et se ramollisse, en ayant bien sûr ôté votre récipient du feu. En sortant, ses pattes et ses antennes seront toutes molles; c'est l'effet recherché. Placez-le sur le ventre, sur la mousse, prenez une épingle, et pourfendez-le gaiement, que le sang gicle, de part en part. Attention, pas n'importe où, dans l'élytre gauche pour un coléoptère, dans le thorax pour les autres. Il se peut que vous ayez du mal; insistez, vous ne casserez rien à votre bestiau, il est tout mou.
Une fois pourfendu, placez-le, juché sur sa pique, au centre de la feuille. Là, grâce à une ribambelle de petites épingles, maintenez ses pattes dans une position naturelle, comme si il marchait. Faîtes de même avec ses antennes. Au bout de quelques heures, il sera "sec", et vous pourrez retirer délicatement les épingles.
Ne faîtes pas "bouillir" votre insecte si il a beaucoup de poils ou si il a de grandes ailes, c'est bien simple, il perdrait tout. Il faut alors procéder avec de la vapeur, mais c'est plus compliqué.
Pour le mettre à l'abri des parasites, trouvez-vous une boîte qui ne comporte aucun petit trou, aucun interstice, même microscopique. Ces parasites dont je parle sont de jolis petits coléoptères marronnasses, quelle ironie, qui dévorent tout ce qui leur tombe sous les pattes, et surtout votre chère collection ou les chocolats de noël dernier. Le mieux, c'est une grande boîte de conservation, spécialement faite pour cela, comme  sur ma photo. Dedans, vous pourrez en stocker, je dirais, une cinquantaine, de toutes les tailles et bien serrés.




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