mercredi 31 juillet 2013

Papillon-fantôme

Juste un dessin en passant, une bestiole blanche dans le marbre noir et transparent de la nuit. Il gigote beaucoup. Sa gorge béante se pique de gémissements, il vrombit de cris émaillés, et ses yeux ronds, nacrés et fous, restent impassibles à sa propre existence. Tout son corps se fond dans le noir, dans un silence légèrement bruissant de vent, de battements d'ailes et d'autoroutes, un silence généralisé. Seuls flottent dans l'air les points bleutés et luisants de ses ailes. Le voilà qui s'y résume entièrement, animal stupide. L'homme imagine l'univers, et il devient ce qu'il imagine. Le fantôme blanc-gris n'en a pas besoin. Il s'y assimile dans l'ignorance, il a le droit de ne pas savoir.

jeudi 18 juillet 2013

L'éthique des Nains

      
     Dans les années 1960-70, on pouvait encore montrer des nains comme des phénomènes de foire ou dans des numéros de cirque, sans que grand-monde soit gêné. Mais ça n'allait plus durer longtemps, les "freaks" plus impressionnants ayant déjà été supprimés des programmations de Monsieur Loyal pour raisons éthiques. Donald, ce solitaire animal évoluant dans un monde cauchemardesque peuplé exclusivement d'Homme-Chiens, où lui et son entourage sont les seuls canards, vous en donne la preuve:





    Je vasouille et vous devez vous demander: où il veut en venir? Qu'est-ce que c'est que cette histoire de nains? C'est un exemple d'évolution de l'éthique parmi tant d'autres. Aujourd'hui, certains seraient tentés de dire qu'il y a de moins en moins de morale, des allumés anti-mariage homosexuel vous diront que c'est horrible, mais où on va, d'autres s'en réjouiront, d'autres genres d'allumés, des jeunes surtout (ouais! bientôt ce sera l'anarchie! Tout sera permis!). Aux deux catégories d'illuminés du dimanche, je réponds; NON, la morale ne s'amenuise pas, elle évolue, et je me garderai bien d'en juger.




    Sur cette image-ci, on voit Donald en train de torturer son chat. Encore un exemple, aujourd'hui, vous trouverez facilement vingt-cinq Brigitte Bardot pour hurler, l'écume aux lèvres, que c'est scandaleux de montrer un tel spectacle dans un journal destiné à la jeunesse. Revenons à l'histoire des homosexuels; il y a un siècle ou deux, des histoires de mariage entre deux hommes ou deux femmes auraient fait de bons sujets de vaudevilles ou de comédies cinématographiques. Et à l'époque, tout le monde en explosait de rire, parce que justement, ça transgressait la morale.

Wagon de transport de graisse de la société TRANSGRAISSE INTERNATIONAL  
       Aujourd'hui, c'est tout bonnement impensable de montrer des nains au cirque, de les lancer ou d'en faire tout autre usage étiqueté "dégradant". C'est tout aussi impensable de se moquer des homosexuels dans la plupart des milieux. La morale a évolué, on respecte paraît-il davantage l'individu, sa dignité et tout et tout. Il paraît que cette nouvelle morale nous rendrait aussi plus libres. Ah ah! Je suis libre de faire du lancer de nain, d'écrire un vaudeville où deux cambrioleurs doivent se marier pour passer inaperçus, de carabiner le chien du voisin. Je me retrouverai seulement au poste, une centaine d'accusations sur le dos.


     Soyons raisonnables; la liberté totale n'existe pas, et la liberté maximale d'un individu ne peut s'exprimer que lorsqu'il se retrouve seul. Paradoxe de celui qui ne peut souffrir la solitude et qui veut être libre!

    Rho, c'est vrai, d'accord: avec votre ami le plus proche, vous vous permettez beaucoup plus de choses. C'est mon cas, c'est le cas de tout le monde.


Et c'est signé:
Fa le fagnimique!    


jeudi 11 juillet 2013

Voilà la Cigale

    La cigale est de retour dans les chauds après-midis d'été. Je laisse la parole à madame la lyriste plébéienne, ici présente, qui émerge d'une longue vie larvaire sous la forme d'une élégante cigale.

    "Voilà voilà, merci merci... Telle que vous me voyez là, moi, la cigale plébéienne, je ne suis encore qu'une vulgaire larve souterraine mangeuse de racines. Il m'est venu l'idée, par instinct, de me hisser sur les broussailles et de me placer à l'envers; ce n'est pas anodin ni pour rigoler, ce sera très important pour la suite...

    "Une fois bien installée, je fais craquer en quelques minutes ma vieille peau de larve au niveau du pronotum. J'étais à l'étroit là-dedans; si sous forme larvaire, je mesure au maximum 35 à 45 millimètres, mon corps de cigale mesure jusqu'à 50 millimètres. Sans parler de mes ailes, 5 centimètres chacune pour les deux plus grandes...

    "En un effort surhumain, je me tire en quelques minutes de cette vieille peau ingrate...

    "...Voilà que viennent mes ailes. Je sais, elles sont toutes fripées...

    "Aah! Mon Dieu que ça fait du bien! Je fais le cochon pendu pour laisser sécher mes ailes; voilà pourquoi je tenais tant à me mettre à l'envers. Si j'avais essayé de sortir à l'endroit, elles auraient durci n'importe comment et je n'aurais pas pu voler. Pour pouvoir partir dans les airs, cela prendra plusieurs heures; j'ai le temps de nourrir des réflexions métaphysiques sur ma longue vie souterraine passée et ma courte vie aérienne à venir.




    "...Les voilà bien déployées, mes ailes. Mais je ne peux pas encore voler: il faut attendre qu'elles durcissent, elles vireront alors au brun comme tout mon corps.





    "Voilà, j'espère que suivre mon émergence vous a plu. Le photographe était très content car c'est bien difficile à observer; j'ai la manie de faire ça au crépuscule ou la nuit. Du coup certaines photos sont un peu pourries, c'est pas évident à la lampe, le flash étant trop aléatoire, qu'il me dit, le photographe.  Maintenant qu'il ne me reste qu'une ou deux semaines à vivre, grand maximum, je vais en profiter pour striduler autant que je pourrai."

C'est signé: La Cigale

Propos recueillis par Fa.